Radicalisation(s)

Accroitre les connaissances des professionnels concernant le polymorphisme du phénomène de radicalisation

La géopolitique mondiale corrélée aux vagues successives d’attentats a placé la radicalisation au cœur des politiques publiques. Il s’agit désormais d’une notion socialement intériorisée. Elle relève pourtant de processus complexes et graduels qui répondent toujours à des logiques éminemment individuelles et subjectives. Il pourra donc être préférable de parler de radicalisation au pluriel et de considérer les mécanismes à l’œuvre de manière extensive afin de pouvoir analyser d’autres formes d’idéologies et de radicalités.

Pourtant, le sujet est loin d’être stabilisé puisque des faits d’actualité ravivent et étendent sans cesse les débats :

  • Jeune pakistanais de 25 ans confié à l’Aide Sociale à l’Enfance en tant que MNA ayant commis une attaque terroriste à Paris posant la question de risques sécuritaires liées à ce public spécifique ;
  • Divergences de positionnements liées au retour des enfants de djihadistes français en zones de guerre posant la question de la primauté des droits de l’enfant sur les risques sécuritaires ;
  • Jeune majeur réfugié tchétchène arrivé en France à l’âge de 6 ans ayant décapité le professeur Samuel Paty posant la question d’un échec du modèle d’intégration français et du rôle des réseaux sociaux ;

A l’instar des débats que la radicalisation génère dans la société, il s’agit également d’un sujet sensible dans le champ professionnel de l’éducation et du travail social. Aussi, lorsqu’il est insuffisamment maîtrisé, le sujet peut occasionner de fortes dissensions au sein des équipes, donnant parfois aux échanges une dimension radicale et conduisant à des positionnements arrêtés aux prises d’un imaginaire pas toujours en adéquation avec la réalité du phénomène dans son polymorphisme. Au-delà, et par-delà les stéréotypes et les préjugés, s’observe souvent une grande confusion sémantique et terminologique : laïcité, neutralité, liberté de croyance et de conviction, fait religieux, extrémisme, fondamentalisme, rigorisme, terrorisme, communautarisme, séparatisme, entrisme… Les échanges et les positionnements entrent également parfois en contradiction avec les valeurs communes de liberté, d’égalité, de fraternité, de tolérance et de non-discrimination qui sous-tendent tous les projets d’établissements et de services.

Dans ce contexte, tant du côté des professionnels que des jeunes, les incompréhensions et malentendus peuvent catalyser les crispations voire les ruptures. Prévenir ce risque nécessitera donc de créer des espaces de médiation qui permettront de meilleures connexions et convergences. La médiation aura alors une fonction facilitatrice et régulatrice de renforcement voire de réparation des liens interpersonnels/sociaux.

La radicalisation peut-elle être considérée comme un concept homogène ? Quelles logiques peuvent-elles être à l’œuvre lors d’un processus de radicalisation (quête de sens, rédemption, besoin d’appartenance, revendications politiques et identitaires, troubles psychiques…) ? Quels peuvent être les indicateurs et signes caractéristiques d’un processus de radicalisation (isolement, emprise, rupture, légitimisation de la violence, rejet des normes sociales et des modèles sociétaux…) ? Quelles questions politiques et éthiques sont réactivées par les passages à l’acte terroristes ? Pourquoi les MNA sont-ils considérés comme un public particulièrement vulnérable face aux risques de radicalisation ? Quels liens est-il possible de faire entre religion et radicalisation ? Quel est le rôle des réseaux sociaux ? Quel est l’intérêt de rechercher un lexique commun des termes liés à la radicalisation ? Quel est l’intérêt d’un meilleur repérage de la structuration, des stratégies et des modes opératoires des principaux courants et réseaux terroristes (Al Quaïda, Daesh, Talibans, Boko Haram, AQMI, MUJAO…) ? Pourquoi et comment mettre en œuvre des espaces de médiation permettant un dialogue entre les adolescents/jeunes et les professionnels ?

Autant de questions qui seront mises au travail pendant trois jours dans le cadre de cette action de formation intra institutionnelle.

Infos +

  • Identifier et analyser les représentations sociales liées à la radicalisation dans une dynamique de réflexion collective et de co-construction de significations et de repères partagés
  • Déterminer un lexique commun (cadre cognitif) permettant la conduite d’échanges rigoureux en contexte professionnel
  • Envisager la mise en œuvre d’espaces d’échanges et de médiation entre les adolescents/jeunes et les professionnels
  • Etablissements et services sanitaires, sociaux et médico-sociaux
  • Etablissements et services de la Protection Judiciaire de la Jeunesse
  • Etablissements scolaires
  • Collectivités territoriales
  • Equipes d’enseignants, de praticiens directs et d’encadrants exerçant auprès d’adolescents/jeunes

La formation ne nécessite pas de prérequis académiques mais implique cependant :

  • D’exercer au sein d’un établissement/service confronté à des questions liées à la radicalisation
  • De vouloir approfondir ses connaissances concernant la radicalisation
  • D’être disposé à interroger ses représentations et ses pratiques professionnelles
  • Instaurer une relation éducative en situation de divergences de points de vue, d’opposition voire de radicalité
  • Favoriser la construction de l’identité et le développement des capacités des adolescents/jeunes
  • Assurer pour les adolescents/jeunes une fonction de repère et d’étayage dans une démarche éthique
  • Organiser une intervention socio-éducative individuelle ou collective conforme aux besoins spécifiques des adolescents/jeunes
  • Participer à un projet socio-éducatif d’accompagnement (observer, diagnostiquer, rendre compte, analyser, conduire, évaluer)
  • Travailler en équipe pluriprofessionnelle
  • Contenus variés s’appuyant sur de multiples supports, dont des extraits vidéo de différentes sources (médias généralistes, travaux de recherche, plateformes spécialisées…)
  • La durée totale de la formation est de trois jours (21h)
  • Le nombre de participants est variable selon les besoins du commanditaire
  • Alternance entre des apports de connaissances en sessions plénières et des activités en sous-groupes (études de documents, études de cas, questionnement maïeutique…)
  • Mobilisation des principes et méthodes propres à l’andragogie permettant une alternance entre des logiques déductives (du général au particulier) et des logiques inductives (du particulier au général)

A l’entrée en formation, les participants seront invités à recenser et exprimer leurs attentes et leurs réserves. Ils réaliseront également un test d’auto-positionnement de leurs connaissances.

A la sortie de la formation, les participants seront invités à exprimer les éventuels écarts entre les attentes et les réserves qu’ils avaient recensées et exprimées à l’entrée en formation. Ils reviendront également sur leur auto-positionnement initial afin de pouvoir mesurer leurs acquisitions.

Des évaluations orales « à chaud » seront réalisées à l’issue de chaque journée de formation ainsi qu’en fin de cycle de formation. Elles seront complétées par une évaluation « à froid » réalisée par écrit via un formulaire électronique adressé individuellement à chaque participant quelques jours après la fin de la formation. Les contenus de ces différentes évaluations seront ensuite retraités par le formateur afin qu’une synthèse écrite puisse être communiquée au commanditaire.

Enfin, un questionnaire de mesure d’impact sera diffusé aux participants ainsi qu’au commanditaire environ six mois après la fin de la formation.